Chère lectrice, cher lecteur,

Vous trouverez en ces pages un aperçu du travail abattu par l’équipe, les coordinations thématiques et les groupes de travail de la Ligue. Cela reste un aperçu, car le rapport dit peu sur tout ce qui a été réalisé pour permettre ces résultats. Il ne dit pas non plus le contexte politique qui s’est alourdi au fur et à mesure de l’année.

2024 a été en effet une année électorale, avec une première partie dédiée à la campagne, aux débats, à un patient travail de récolte des besoins et d’approche des politiques pour les sensibiliser non seulement à la santé mentale, mais aussi et surtout aux approches en cours sur le terrain. Il s’agit en effet d’aller au-delà des slogans, des effets de mode, des représentations souvent tronquées, pour faire entendre les besoins présents dans la population, tels qu’ils s’expriment, et la recherche constante d’adéquation des réponses par les professionnelles qui se dévouent chaque jour pour écouter, soigner, accompagner.

Les élections ont été suivies par de longues tractations aux différents niveaux de pouvoir. Avec un premier accord du côté wallon et de la Communauté Française, puis, beaucoup plus tard, au niveau Fédéral. Ces accords sont sources d’interrogations et d’inquiétudes. L’heure est au retour du discours sur l’austérité, alors que la précarité sociale, économique et psychique s’étend. Au-delà des slogans, quelles mesures concrètes seront effectivement prises, et avec quels effets sur le terrain      ? Au moment d’écrire ces lignes, la situation au niveau fédéral est très problématique : les décisions prises début 2025 annoncent une fragilisation supplémentaire de publics déjà en difficultés, et donc des effets délétères sur leur santé mentale. C’est toute la contradiction d’un accord qui met enfin en avant une section dédiée à ce pan spécifique des soins de santé, tout en faisant ailleurs des annonces aux conséquences néfastes.

Toujours à l’heure d’écrire ces lignes, la situation politique à Bruxelles reste bloquée. Ce qui signifie concrètement que de nombreuses associations doivent puiser dans leurs réserves, stopper des projets, licencier du personnel, faute de réponse à leurs demandes de (reconduction de) subsides. La 2e partie de 2024 a ainsi été consacrée à défendre nos membres et nous associer à d’autres secteurs pour réclamer à tout le moins des mesures provisoires pour limiter la casse. Ce contexte de grande insécurité a rajouté une couche de mécontentement et les manifestations se sont multipliées. Le champ de la santé mentale y prend une part de plus en plus active, constatant combien les personnes qu’il accompagne sont marquées et combien les équipes elles-mêmes sont mises en difficultés.

Dans le même temps, les réformes annoncées (PSSI et révision du décret de l’ambulatoire) sont entrées en œuvre, avec des effets divers que la Ligue tente de suivre au mieux.

En interne, la Ligue a suivi un mouvement inverse : après une première partie d’année compliquée vu la charge de travail et la petitesse de la taille de l’équipe, l’automne 2024 a été marqué par de nouvelles forces vives, avec l’ouverture de 3 postes, le 1er consacré aux missions de fédération de la Ligue et rendu possible grâce à l’engagement des Services de Santé Mentale eux-mêmes, les 2 autres grâce à un subside lié aux accords du non-marchand et dont on espère une reconduction en 2026. Ces arrivées ont permis à l’équipe de gagner en dynamique pour aborder les prochaines années qui s’annoncent à tout le moins complexes.

Le travail ne manque pas, mais il reste toujours aussi passionnant.

Bonne lecture !

Yahyâ Hachem Samii, directeur