C’est en 1994 que certains acteurs de la santé mentale bruxelloise se posèrent une question délicate : comment accueillir la demande d’aide psychosociale de personnes condamnées par la justice ? Cette question les mena à rassembler, autour d’une même table, des intervenants de la santé et de la justice. Tous voyaient la même personne – le justiciable – mais avec une lunette et un objectif apparemment différent. Cette réunion provoqua la confrontation de deux logiques séculaires différentes : la logique pénale et la logique de la santé.
La Ligue Bruxelloise pour la Santé Mentale fut le lieu de cette rencontre et de nombreuses autres car, plus de trente ans plus tard maintenant, ce groupe de travail existe encore. Il est un lieu d’échanges entre praticiens de provenances diverses qui souhaitent soutenir une pensée dans un domaine d’action qui tend à l’attaquer voire à l’annihiler. Penser le phénomène délinquant est une gageure continuelle. Chaque année, outre la discussion permanente autour de l’actualité des prisons, le groupe développe un thème spécifique.
2024 est l’année de célébration des 30 ans du groupe. A cette occasion, nous vous proposons un travail collectif, où chaque institution apporterait sa pierre à l’édifice. L’idée est de prendre, ensemble, de la distance et la mesure du temps qui passe. Pour ce faire, nous proposons à chaque service gravitant autour/dans les établissements pénitentiaires de répondre aux questions suivantes :
Dans quel contexte socio-politique est née votre service/institution ? Quelles étaient les valeurs qui caractérisaient votre institution/service il y a 30 ans[1] ? Comment ces valeurs ont-elles évolué en trois décennies ? Quelles sont les valeurs qui animent votre institution en 2024-25 dans le contexte sociopolitique actuel ? Quel cas clinique illustrerait ces valeurs motrices soutenant votre pratique clinique et/ou les difficultés rencontrées aujourd’hui ?
Et dans 30 ans, en 2054, comment imaginez-vous votre travail (laissez libre cours à votre imagination et humour) ?
Si, dans vos institutions, il existe des personnes/collègues, témoins de ce temps écoulé, ou intéressés par la question, n’hésitez pas à les inviter autour de la table.
Comme chaque année, nous souhaitons profiter des expériences de terrain (parfois heureuses, parfois moins) des participants afin d’alimenter le débat. Si le besoin s’en fait ressentir, nous lirons également certains textes issus de la littérature scientifique récente sur ce thème afin de les confronter à des situations cliniques.
[1] Si votre institution n’existait pas il y a 30 ans, qui remplissait les missions et valeurs de celle-ci ?
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