"On a besoin de créativité, de réinventer la communication entre nous", estime Yahyâ Hachem Samii (Ligue bruxelloise pour la santé mentale)

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Par RTBF

Marius Gilbert utilisait la formule "il faut tenir bon" lundi soir au sujet des mesures qui impactent nos vies depuis le début de cette crise du coronavirus. Avec la durée des restrictions et interdictions pour vaincre l’épidémie, une vague de détresse psychologique n’est pas à mettre de côté.

Ce mercredi matin, Yahyâ Hachem Samii, directeur de la Ligue bruxelloise pour la santé mentale, était invité sur La Première pour commenter ces propos de l’épidémiologiste et la situation actuelle de l’épidémie.


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Un bien-être mental qui touche de multiples manières : des troubles de comportement au quotidien, dans le sommeil, de l’irritabilité, de l’anxiété, une perte de repères aussi. Selon le directeur de la Ligue bruxelloise : "Ça se témoigne aussi par des troubles d’ordre psychiatrique chez toute une série de personnes qui en avaient déjà avant ou qui craquent aujourd’hui et qui ont alors besoin de soins plus importants pour pouvoir s’en sortir".

Des troubles qui touchent tout le monde

Yahyâ Hachem Samii centre cette santé mentale comme un bien commun, partagé avec tous. Mais pour lui, il y a évidemment des inégalités, comme il le détaille : "Ça veut donc dire que des personnes qui ont davantage de réseaux, de liens ou de moyens pour faire face pourront s’en sortir plus rapidement et plus facilement que d’autres qui n’ont plus rien".

Même si tout le monde peut être touché par cette détresse psychologique, on parle en particulier de plusieurs catégories dans cette crise. Les jeunes, les soignants et les femmes, en particulier lorsqu’elles sont en tête d’une famille monoparentale, sont des publics qui sont plus fragiles que d’autres. Mais ce que la Ligue bruxelloise constate dangereusement c’est : "Toute une partie des difficultés de la santé mentale dans la population qu’on ne connaît pas aujourd’hui parce que les gens ne se manifestent pas. Ils ne le feront que dans plusieurs semaines, dans plusieurs mois, et pour certains dans plusieurs années".

Un second confinement plus lourd ?

A la sortie du premier confinement, les services de santé mentale ont été confrontés à une légère hausse, revenant à un niveau d’avant-crise selon eux.

Mais c’est l’arrivée de l’automne que les demandes ont commencé à affluer. Yahyâ Hachem Samii l’a constaté en parallèle de l’augmentation du nombre en octobre-novembre suivi par un coup d’arrêt provoqué par les mesures de ce second confinement.


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"Il faudra attendre encore plusieurs semaines ou mois avant qu’on voie la vague arriver. Et on va sans doute jouer des effets de yoyo jusqu’à ce que la crise soit vraiment derrière nous, et c’est à ce moment-là que toute une série de gens va commencer à s’inquiéter du fait qu’ils n’arrivent pas à s’en sortir sur le plan psychique et qu’ils auraient besoin d’aide", prévient la Ligue bruxelloise pour la santé mentale.

Que faire si vous ne vous sentez pas bien ?

La première chose que conseille Yahyâ Hachem Samii, c’est de pouvoir faire appel à son réseau : "Pour une série de personnes, on constate qu’avoir quelqu’un à qui pouvoir parler de ses difficultés suffit pour pouvoir dégonfler les choses et permettre aux gens de passer au-dessus".

Foncer voir un ou une psychologue n’est pas spécifiquement la solution la plus adéquate. Pour la Ligue pour la santé mentale, il est nécessaire d’agir sur les déterminants sociaux. Son directeur estime que les pouvoirs publics n’axent pas suffisamment sur la communication lorsque l’on observe les publicités et la communication ambiante autour de la solidarité et du fait de prendre soin des autres en termes d’affection. A l’approche des fêtes, il "faut être attentif aux personnes qui sont souvent sans lien ; ne pas hésiter à prendre son téléphone ou à proposer une balade dans la forêt ou dans la campagne, de marcher ensemble, de discuter et d’échanger".

"On a besoin de créativité, de réinventer la communication entre nous et on a plein de moyens à notre disposition", conclut Yahyâ Hachem Samii au sujet de ce lien à privilégier dans cette crise qui nous oblige à diminuer nos contacts sociaux dans des moments où l’on en a le plus besoin.

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